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Émergent, euphorique ou mature?

Par Josée Turgeon
Conseillère aux entreprises en développement des affaires à la MRC de Coaticook

 

De manière inattendue, votre entreprise vivra des rites de passage. Ils sont souvent le fruit de l’influence du chef d’entreprise.

Pour l’entrepreneur, comprendre à quelle étape de l’entreprise il est rendu permet d’établir plus rapidement une bonne stratégie. Les trois rites de passage que vous vivrez se résument à trois lettres : EEE.  Émergence, Euphorie et Entreprise mature.

Par choix ou par manque de compétence entrepreneuriale, certains demeureront à tout jamais dans la phase d’émergence, incapable d’emboiter le pas vers l’euphorie. Et la question que je pose systématiquement à l’entrepreneur est la suivante: as-tu peur de l’échec ou du succès?

 

La phase d’émergence

Mieux connue sous le nom de démarrage d’entreprise, l’entrepreneur donne suite au rêve de l’artisan qui est en lui.  Activement, il s’engage à mettre en place un endroit pour travailler et faire ce qu’il aime.  Personne n’est là pour dicter sa conduite ou contrôler ses activités.  Il est infatigable et orienté sur la production.  Si son produit ou service répond exactement à ce que les clients recherchent, il devient victime de son succès.  Et si l’entreprise dépend essentiellement de lui, il n’est pas un chef d’entreprise. Il est simplement l’employé clé. L’entreprise, c’est lui! S’il le désire, il passe à la phase d’euphorie.

La phase d’euphorie 

Être victime de son succès, suite au lancement d’une entreprise, est un heureux problème! Ici, sans l’aide d’employés et de stratégies d’automatisation, l’entreprise ne peut survivre ou est condamnée à stagner. Pour l’entrepreneur, apprendre à déléguer, communiquer son savoir, savoir-faire, savoir-être et faire confiance sont les étapes cruciales pour l’expansion du projet entrepreneurial. Il doit se retirer du « faire » pour ne pas devenir insupportable pour ses employés.

  • Quand l’entrepreneur en a marre d’être au centre de l’univers, de tout faire, tout contrôler, toujours être là, le « manager » en lui explose car il est à la limite de sa capacité à organiser efficacement ses subordonnés ou collaborateurs.

    Il est confronté à trois options : devenir un véritable chef d’entreprise, s’autodétruire en laissant aller les choses ou, redevenir une petite entreprise. C’est ici que se définissent les aspirations personnelles de l’entrepreneur en lien avec ses valeurs, sa vision et sa mission. Tout se redéfinit et devient cohérent. Que le choix de l’entrepreneur soit de demeurer petit ou de viser des phases d’expansion menant à une relative maturité, notre économie a besoin de tous les modèles.

La phase d’entreprise mature

La perspective d’un chef d’entreprise diffère beaucoup de celle d’un artisan. Pour lui, l’entreprise est le produit, pour l’artisan, le produit est ce qu’il vend aux clients.

Et pour atteindre sa pleine maturité et s’accomplir, voici son mode d’opération et de réflexion au quotidien :

Le présent influence son action:

  • Le fonctionnement de toute l’entreprise le préoccupe
  • Il visualise l’avenir et cherche à changer le présent en fonction de ce qu’il perçoit
  • Il voit l’entreprise comme un système de production rentable à l’intention des clients
  • Il a une vision intégrée de son entreprise qui a des composantes pour être plus efficace

Plus que la moyenne, un entrepreneur accepte de prendre des risques. Il arrive souvent à prendre des décisions stratégiques sans forcément disposer de toute l’information. Malgré toutes les qualités reconnues et déjà étalées, celles-ci ne suffisent pas à faire d’un entrepreneur un chef d’entreprise qui réussit. Connaitre la pyramide des besoins de Maslow aide ici. Les recherches font ressortir que les entrepreneurs ont :

Un besoin de réalisation de soi très fort : lorsqu’il réussit à atteindre ses objectifs et générer de la valeur pour mettre en place ses autres projets

Un besoin de pouvoir plus modéré : il n’est pas insensible au pouvoir. C’est parce que le pouvoir lui donne accès à l’autonomie, la capacité de prendre des décisions rapidement et la possibilité de passer à l’action par lui-même. Avoir le contrôle de son environnement et l’absence d’autorité sur lui, lui permet d’avoir les coudées franches. Il utilise le pouvoir comme stratégie, comme outil pour se réaliser.

Un besoin d’affiliation plus faible que la moyenne des gens : il est indépendant et a tendance à s’isoler. Il a tendance à se rapprocher de gens qui, comme lui sont des entrepreneurs. Pourquoi? Il a besoin de se sentir accepté dans ce qu’il est. Il laisse en plan beaucoup de choses (et de personnes) de son passé et parfois de son présent. Cela explique pourquoi il se projette dans le futur avec de nouveaux projets et de nouvelles idées.

 

En conclusion, un entrepreneur est inconfortable avec le statu quo, l’inaction, l’oisiveté. Bien se connaitre, connaitre ses préférences comportementales et ses motivations sont des outils qui mettent la table pour un accompagnement de qualité.  Avoir de l’ouverture à se faire « coacher » est pour moi la qualité numéro un afin d’ouvrir la danse avec l’entrepreneur dans mon rôle de conseillère en développement des affaires.

 

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